Le Serment de Bon Encontre

Le Serment de Bon Encontre

Nous connaissons tous l'appel du 18 juin 1940 prononcé par le général de Gaulle sur les ondes de la B.B.C. Nous avons tous entendu parler du serment de Koufra prêté par le colonel Leclerc et ses hommes le 2 mars 1941. Mais, vous qui résidez en Lot-et-Garonne, aviez-vous connaissance du serment de Bon-Encontre ?

Beaucoup de lot-et-garonnais ont (re)découvert son existence à l'occasion du congrès de l'Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale qui s'est tenu les 6, 7 et 8 octobre 2021 à Bon-Encontre (47240).

C'est le 25 juin 1940 que le colonel RIVET et les membres du 5è bureau de l'état-major de l'Armée ont prêté ce serment comme en atteste la plaque commémorative apposée sur la basilique Notre Dame à Bon Encontre.

En juin 1940, devant la poussée de l'armée allemande, les services de renseignements et de contre-espionnage de l'armée française doivent quitter Paris et se replier vers le sud-ouest. A Bon Encontre, ils trouvent les locaux du séminaire vides de leurs habituels attributaires et s'y installent pour y poursuivre leur mission.

Le 22 juin, l'armistice est signé. Le lendemain le colonel RIVET indique à ses hommes « la clause dissolvant nos services est confirmée... Notre destin ne s'arrête pas là, notre action doit se poursuivre, invisible et secrète. ». Parmi eux, Paul PAILLOLE a témoigné de cet engagement dans ces termes : « Les services spéciaux se recueillent longuement le 25 juin 1940 autour du monument aux Morts de Bon Encontre. Le colonel RIVET trace le devoir de chacun : poursuivre le combat dans la clandestinité. Tous en font le serment. ».

Le colonel RIVET installera ensuite le commandement des services spéciaux français clandestins à Chamalières d'août 1940 à novembre 1942, tandis que le commandant PAILLOLE et les anciens du contre-espionnage s'installeront à Marseille jusqu'en 1942 sous la couverture des « Travaux ruraux ».

Pour cette commémoration, plusieurs cérémonies ont été organisées aux monuments aux Morts d'Agen, de Nérac et de Bon Encontre. A Nérac, le 7 octobre, elle était précédée, par un moment de recueillement au cimetière devant la tombe d'André FONTES, un ancien des services spéciaux, titulaire de la Légion d'honneur. Celui-ci a fait partie de l'armée secrète (AS) dès 1942, avant de rejoindre en 1943 le réseau de résistance toulousain « Morhange », créé par Marcel TAILLANDIER. Ce réseau recevait ses ordres depuis Alger, du commandant PAILLOLE qui après avoir été l'un des responsables des services de contre-espionnage de l'armée d'armistice avait rejoint Londres dès l'occupation de la zone libre par les allemands.

Le point d'orgue de cette commémoration a eu lieu à Bon Encontre le 8 octobre avec un dépôt de gerbes devant la plaque commémorative, puis une cérémonie au monument aux Morts de Bon Encontre en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires.

Sollicité par le président de la SMLH 47, le directeur diocésain, Emmanuel JOLIVET, avait invité les classes de Défense et de sécurité globale des établissements catholiques d'enseignement a participer aux cérémonies. Des délégations du lycée St Caprais d'Agen, du lycée Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot et du collège Félix-Aunac d'Agen sont ainsi venues participer à ce bel hommage chargé d'émotion.