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Hommage à trois titulaires de la Légion d'honneur

Publié le 27 décembre 2022

 

 

Chaque année les Saint-Cyriens commémorent l'anniversaire de la bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805). En cette année 2022, 217è anniversaire de la « bataille des Trois Empereurs », un hommage particulier a été consacré à trois Saint-Cyriens d'une même famille qui sont également trois titulaires de la Légion d'honneur, dont deux natifs du département. Leur souvenir est rappelé sur le monument élevé à la gloire du 9è Régiment d'infanterie, rue Bonnat, au carrefour de la cité administrative d'Agen (la cité administrative occupe le site où était autrefois installé le 9è Régiment d'infanterie, caserne Lacuée).

 

Laurent, Jules, Émile CAMUS est né le 5 avril 1887 à Champagney (Haute-Saône). Il est le fils de Jean, François, Auguste CAMUS et de Jeanne, Honorine CHAREY.

Engagé volontaire pour 4 ans le 9 octobre 1908, il est 2è classe au 112è Régiment d'infanterie et nommé caporal le 1er septembre 1909,

Le 20 octobre 1909, il intègre l’École Spéciale Militaire, où il est nommé sergent le 19 février 1910 et aspirant le 16 mai 1910. Il fait partie de la Promotion Mauritanie.

Il est affecté au 21è Régiment d'infanterie le 1er octobre 1910 avec le grade de Sous-lieutenant. Il est nommé lieutenant le 1er octobre 1912.

 

 

Nommé Capitaine à titre temporaire le 18 octobre 1914, il a fait l'objet d'une citation à l'ordre de l'Armée le 16 septembre 1914 pour « Belle attitude sous le feu » et a été blessé par un éclat d'obus le 11 octobre 1914 près d'Aix-Noulette (Pas-de-Calais).

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur pour prendre rang du 30 décembre 1914. « Brillante conduite au feu dans tous les combats auxquels il a pris part à la tête de sa compagnie qu'il commandait provisoirement. A été blessé ». Il est commotionné suite à l'explosion d'obus le 10 juillet 1915. Il reçoit une citation à l'ordre du Régiment le 1er mai 1915 « A, pendant 12 jours de combats, très bien commandé sa compagnie au feu ».

Il est affecté au 174è Régiment d'infanterie le 2 juillet 1915 et nommé Capitaine à titre définitif, puis il est affecté au 18è Régiment d'infanterie le 12 juin 1917 et au 9è Régiment d'infanterie le 11 octobre 1919.

Il devient lot-et-garonnais de cœur lorsqu'il épouse, le 8 juillet 1918, Germaine PICAREAU, domiciliée à Nérac (Lot-et-Garonne). De cette union naîtront deux filles, Béatrix et Éliane, et deux fils, Claude et Ernest.

Le 14 septembre 1918, il prend le commandement provisoire du 9è bataillon du 18è Régiment d'infanterie. Le 12 avril 1919 il devient directeur des cours d'instruction des 7è et 8è groupements. Classé à l'état-major particulier de l'infanterie, il est affecté au 2è Groupe de subdivision de la 8è Région à Pau, le 6 novembre 1928, et promu Chef de bataillon au 18è Régiment d’infanterie, le 25 juin 1930.

Il est promu au grade d'Officier de la Légion d'honneur par décret du 19 décembre 1934 en qualité de chef de bataillon au 18è Régiment d'infanterie. Sa Croix d'officier LH lui est remise le 11 février 1935 par le Colonel PUGENS du 18è Régiment d'infanterie, commandant d'armes de la Place de Pau.

En 1939, compte tenu de ses graves blessures, Laurent CAMUS est affecté au dépôt 183 à Bayonne et, après la défaite, atteint par la limite d'âge, il reste à Pau. Un an plus tard, son épouse, Germaine CAMUS meurt brutalement à l'âge de 41 ans.

A l'automne 1942, le commandant CAMUS prend la tête d'un réseau de renseignements et d'une chaîne d'évasion vers l'Espagne, via Pau et le village de Billères, dans la vallée pyrénéenne d'Ossau, A Pau, il est secondé par Joseph CHAUVIN, gardien du château, et Jean FANTIN, employé dans une teinturerie place Gramont. En outre, il fait installer un petit maquis de réfractaires au Service du Travail Obligatoire au col du Bénou, près de Billères.

Au début de l'été 1943, POMMIES, qui a mis sur pied un Corps Franc dans le Sud-ouest, par l'intermédiaire de Frédéric MEININGER, rencontre le commandant CAMUS. Ce dernier accepte d'entrer au Corps Franc et de prendre à la Libération, au titre  de l'ORA, le commandement de la future subdivision militaire de Pau.

En juillet 1943, il fait passer par sa filière d'évasion ses deux fils pour leur permettre de rejoindre l'Espagne. L'aîné, Claude, 24 ans, a été reçu à Saint-Cyr, le second, Ernest-Pierre prépare la même école. Tous deux mourront au combat, l'un dans les Vosges en octobre 1944, l'autre au Tonkin en septembre 1953.

Le 1er novembre 1943, Laurent CAMUS entre en contact avec les Services Spéciaux dans la région de Pau. Il va collaborer activement avec les T.R. en fournissant des renseignements et en facilitant les passages en Espagne. Sa fille Béatrix, 24 ans, alors connue sous le nom de « Fille du Petit Père », l'aide dans ses activités en assurant le secrétariat, des liaisons et le transport de courrier (elle épousera une des autres grandes figures du Corps Francs POMMIES, le futur général Marcel CERONI et sera nommée Chevalier de la Légion d'honneur en 2002 en tant que combattante et résistante).

Conscient que son engagement a pu alerter la Gestapo paloise, Laurent CAMUS trouve refuge en janvier 1944 chez des amis, villa "Caprice", allée de Morlaas. Mais, le 1er février 1944, exceptionnellement, il passe la nuit à son domicile où demeurent ses deux filles. Le lendemain à l'aube, le chef de la Gestapo accompagné d'un groupe d'agents surgit dans l'appartement, perquisitionne les lieux et arrête le commandant CAMUS.

Interné à la prison Saint Michel à Toulouse, il part le 5 avril 1944 pour Compiègne, avant d'être déporté. Il meurt quatre mois plus tard, gazé à Hartheim, camp de Mauthausen (Allemagne), à l'âge de 57 ans.

Déclaré "Mort pour la France", Laurent CAMUS recevra la Croix de Guerre avec palme, la Croix du combattant volontaire de la Résistance et la Médaille de la Résistance.

Citation à l'ordre de l'Armée : « Magnifique patriote, arrêté pour faits de résistance le 1er février 1944, a été interné jusqu'au 4 avril 1944, puis déporté le 5 avril 1944 dans un camp de concentration où il est mort glorieusement pour la France le 18 août 1944 ».

 

Claude, Roger CAMUS est né le 17 août 1919 à Le Fréchou (Lot-et-Garonne). Il est Mort pour la France le 19 octobre 1944 à Cornimont (Vosges), à l'âge de 25 ans. Il servait à la 2è compagnie du 6è Régiment de tirailleurs marocains (6è RTM).

Frère aîné d’Ernest, Claude CAMUS rejoint l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr au sein de la promotion « Charles de Foucauld » (1941-1942). Affecté au 9è Régiment d'infanterie puis au 26è R.I.C., il rejoint lui aussi la Résistance dès sa sortie d’école, il combat jusqu'en octobre 1944.

Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile d'argent, étoile de vermeil et une palme. Ces décorations sont accompagnées de la citation suivante : « Jeune officier, magnifique d’intrépidité et d’allant, au sang froid imperturbable. Après avoir participé brillamment avec sa compagnie, le 16 octobre 1944, à la conquête et au nettoyage de la région de la Charme, a contribué à la capture de plusieurs prisonniers, a relevé avec sa section un élément d’une compagnie particulièrement éprouvée, dans un point d’appui avancé au bois du Haut-de-Faing. Du 18 au 20 octobre 1944, dans le Bois du Haut-du-Faing, a repoussé deux contre-attaques ennemies parvenues au corps à corps, faisant lui-même le coup de feu avec ses hommes. Soumis pendant 48 heures à un bombardement par obus de gros calibre et par nebelwerfers d’une violence exceptionnelle, est tombé mortellement atteint à son poste de combat dans la nuit du 19 au 20 octobre 1944. »

Ernest CAMUS est né le 26 octobre 1922 à Agen (Lot-et-Garonne). Il est Mort pour la France le 6 décembre 1953 au poste de Gia Loc au Tonkin, à l'âge de 31 ans. Il était capitaine au 3è bataillon du 4è Régiment de tirailleurs marocains (4è RTM).

Ernest CAMUS rejoint la promotion de la « VEILLE au DRAPEAU » (1943). Résistant dès sa sortie d’école, il trouve la mort 10 ans plus tard au Tonkin où on lui décerne à titre posthume la citation suivante, à l'ordre de l'Armée : « Commandant de compagnie qui depuis son arrivée en Extrême-Orient n’a cessé de manifester de brillantes qualités de commandement. Placé à la tête d’un quartier particulièrement difficile, s’est rapidement imposé à tous ses gradés et tirailleurs par sa valeur professionnelle, son ardeur et son courage. Son poste de GIA-LOC (Nord Vietnam) ayant été violemment attaqué le 6 décembre 1953 par des rebelles très supérieurs en nombre et disposant d'un armement puissant, s’est immédiatement porté à la pointe du combat, organisant la défense et galvanisant ses hommes par son exemple. A été mortellement blessé par balles au cours de l’action. ».

Il est titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 (2 palmes), de la Croix de guerre des T.O.E. avec palme, de la Médaille des évadés.

 

Sources :

  • Site LEONORE,

  • MEMORIAL NATIONAL A.A.S.S.D.N.

  • MEMORIAL GEN WEB

  • article du Lt David BERGER, 48è R.T.