News

Article sociétaire

Décès de Jacques DUBOURG

Publié le 17 septembre 2024

 

Colonel Jacques, Émile, Jean DUBOURG

 

 

Jacques DUBOURG est né le 14 avril 1930 à Bazas (Gironde)

 

Admis sur concours à l’École Spéciale Militaire Inter-Armées (ESMIA) en qualité de Saint-Cyrien, il signe un contrat spécial d'engagement volontaire pour « la durée des cours + 6 ans » le 7 octobre 1950 à Coëtquidan (Morbihan). A l'issue de sa formation d'officier, il choisit de servir dans l'artillerie métropolitaine et rejoint l’École d'Application de l'Artillerie le 1er octobre 1952

Il est détaché au 6è BCA stationné en Allemagne le 16 octobre 1950, nommé caporal-chef le 1er février 1951, et rejoint Coëtquidan le 13 février 1951. Il est nommé sergent le 1er avril 1951.

Il est nommé sous-lieutenant le 1er septembre 1952.

A l'issue de son stage, il est affecté comme chef de section de la 1ère batterie au 67è Régiment d'Artillerie, en Algérie, le 1er janvier 1954.

Il est nommé lieutenant le 1er septembre 1954. Officier de tir de la 1ère batterie, il est détaché comme observateur à Biskra en fin d'année 1954 dans le sud Touggourt. Il prend provisoirement le commandement de la 1ère batterie du 1er avril au 1er juin 1955 avant d'être affecté le 2 juin au Groupement d'Aviation d'Observation Artillerie n°3 (GAOA n°3) à Sétif. Il est alors désigné pour suivre un stage de formation d'élève pilote d'avion léger en métropole, avant de revenir à son unité, avec son brevet en poche, en mars 1957, comme pilote observateur. Le GAOA prend l’appellation de Groupe d'Aviation Légère de l'Armée de Terre le 15 mars 1958 (GALAT n°3).

Il est promu au grade de capitaine le 31 décembre 1959 et commande l'escadrille L19 du GALAT n°3.

Il passe une première fois le concours de l’École d’État-major en juin 1961.

Il est affecté au 68è Régiment d'Artillerie Lourde et d'Engins (68è RALE) à Trêves (Forces Françaises en Allemagne - FFA) le 12 août 1961 et y prend le commandement de la 6è batterie du Groupe Honest John le 1er septembre suivant.

Il est admis à l’École d’État-major à sa deuxième présentation (24è promotion) et rejoint cette école à Paris le 1er octobre 1962. Titulaire du diplôme d'état-major à l'issue de cette formation, il est affecté le 1er juin 1963 au 4è bureau de l’État-major de la 4è Région militaire à Bordeaux.

Il est nommé chef d'escadron le 1er juillet 1968 et affecté au 3è bureau opérations. Le 1er septembre 1969, il est affecté comme adjoint au directeur de l'instruction du 40è Régiment d'Artillerie à Chalons-sur-Marne, puis, le 1er septembre 1971 au 58è Régiment de Commandement et de Transmissions à Compiègne au 3è bureau de l’État-major de la 8è Division.

Il est nommé lieutenant-colonel le 1er janvier 1976 et est affecté comme commandant en second au 11è Régiment d'Artillerie à Offenbourg (FFA) le 3 août suivant. Il est ensuite affecté comme adjoint au directeur de l'instruction à l’École d'Application de l'Artillerie, le 4 septembre 1978.

Le 1er août 1981, il est affecté comme Délégué Militaire Départemental (DMD) et commandant d'armes de la place de Guéret.

Il est promu au grade de colonel le 1er janvier 1982 et admis au cycle d’Études Militaires Supérieures (Brevet Technique d’État-major qui lui est attribué le 1er août 1982).

 

Il est placé sur sa demande en position de retraite après 25 ans de service le 13 avril 1983 et se retire à Sainte Bazeille, tout en souscrivant un contrat de réserve active .

 

Ce brillant officier totalisait 3 191 heures de vol de jour et 7h35 de vol de nuit essentiellement effectuées lors de ses engagements opérationnels en Algérie.

 

Chevalier de la Légion d'honneur (LH) le 17 juillet 1959 alors qu'il n'était encore qu'un jeune officier de 29 ans, il avait été promu au grade d'officier de la Légion d'honneur le 29 août 1977 et au grade de commandeur de la Légion d'honneur par décret du 4 mai 2012.

Il était également commandeur de l'Ordre national du Mérite (ONM) depuis le 24 juillet 1984.

Titulaire de la Croix de la Valeur militaire avec 2 palmes et 3 étoile de vermeil, 1 étoile de bronze, il avait fait l'objet de six citations :

- Le 11 juin 1956, citation à l'ordre du Corps d'Armée (croix de la valeur militaire avec étoile de vermeil : « Observateur pilote de grande classe qui totalise plus de quatre cents missions opérationnelles dans les AURES-NEMENTCHA. N'hésite jamais à voler au plus près du sol pour détecter les bandes rebelles ou les désigner d'une façon plus précise à la chasse.

A participé à de nombreuses opérations dans le secteur d'ARRIS où, par trois fois, le 1er septembre 1955 dans l'oued EL OUASTI, le 9 décembre 1955 au djebel TAKROUND (6 kilomètres au nord-ouest de RHOUFFI) et le 17 janvier 1956 au djebel ABDOUS (6 kilomètres à l'ouest d'ARRIS), son appareil a été touché par les balles rebelles alors qu'il guidait la chasse en essayant de localiser les hors-la-loi. Les 14 et 15 janvier 1956 entre ANIANE et RHOUFFI, le 11 mars 1956 dans la région de TABERGA a fait de nouveau la preuve de sa valeur en découvrant puis localisant une bande rebelle, en guidant la chasse et nos troupes, n'hésitant pas à voler à basse altitude malgré le feu nourri.

Son appareil touché, a poursuivi sa mission jusqu'à la fin du potentiel, contribuant ainsi à la destruction de nombreux rebelles et à la récupération d'armes. »

 

- Le 12 juillet 1956 citation à l'ordre de l'Armée (croix de la valeur militaire avec palme) : « Jeune officier d'Artillerie, observateur en avion léger, depuis son affectation au GAOA n°3 en juin 1955, a participé sans interruption aux opérations de maintien de l'ordre dans le sud Constantinois. Son calme, son sang-froid, sa maîtrise technique lui ont permis d'accomplir avec succès les diverses missions qui lui ont été confiées dans les Aurès et les Nementchas.

Le 29 juillet 1955 dans la région de RAS EL EUCH, a découvert et attaqué à la grenade deux bandes rebelles, a guidé la manœuvre des troupes au sol, visant l'encerclement de ces bandes malgré une fusillade nourrie ayant atteint 21 fois son appareil.

Le 16 août 1955, au djebel ZELLATOU, a assuré dans de brillantes conditions le guidage d'hélicoptères moyens contre une bande de rebelles, les attaquant ensuite à la grenade, a facilité la poursuite blessant un rebelle. Au cours de cette action, son appareil fut touché par balle. Totalise en opération 307 heures de vol en 233 missions. »

 

- Le 5 février 1958 citation à l'ordre de l'Armée (croix de la valeur militaire avec palme) : « Observateur pilote particulièrement qualifié, dont le courage et le sens de la manœuvre à terre n'ont cessé de s'affirmer au cours des 1 268 heures de vols opérationnels pendant lesquelles son appareil fut touché neuf fois. S'est particulièrement distingué me 25 avril 1957 à l'oued TIRCHOUINE, prenant sans cesse le maximum de risques pour guider les troupes au sol (…). Le 10 mai 1957 au djebel TIZOURESS, s'est exposé sans relâche au feu des armes automatiques adverses, prenant ainsi une part très importante aux pertes infligées aux rebelles (…). Le 22 juillet 1957, à l'oued TIFRANE, s'est de nouveau signalé par son audace et par ses observations précises en aidant efficacement les troupes au sol engagées dans de durs combats (...). Totalise, depuis le 1er juillet 1956, 579h40 de vol opérationnel. »

 

- Le 17 novembre 1958 citation à l'ordre du Corps d'Armée (croix de la valeur militaire avec étoile de vermeil) : « Officier observateur de grande classe, au courage réfléchi, au jugement sûr, qui a participé d'une manière importante aux succès des opérations dans le secteur de DJELFA.

S'est à maintes reprises mis en évidence et notamment :

  • le 16 avril 1958 où il découvrait une bande rebelle et permit de lui infliger de lourdes pertes (...) ;

  • - le 1er mai 1958 à KSAR EL HIRAN (Djelfa), en guidant l'intervention de l'aviation pour dégager un convoi tombé dans une embuscade, par la précision de ses observations, a permis la mise hors de combat de (...) rebelles ;

  • le 21 mai 1958, en guidant l'aviation sur un fort élément adverse (...) ;

  • le 27 juillet 1958 au djebel BOU KAHIL (Djelfa) où, découvrant personnellement une importante bande rebelle, il fut à la base du succès de l'opération (...).

    A effectué au 1er octobre 1958, 540 heures de vol en AFN depuis sa dernière citation. »

 

- Le 2 juillet 1960 citation à l'ordre du Corps d'Armée (croix de la valeur militaire avec étoile de vermeil) : « Observateur pilote de tout premier ordre. Commandant de peloton, n'a cessé au cours des derniers mois de faire preuve des plus belles qualités de chef, payant sans cesse de sa personne.

Détaché à BIR RABALOU au profit du secteur d'AUMALE s'y est distingué particulièrement le 18 juin 1959 dans l'oued ISSER où il a découvert une bande rebelle et guidé la chasse et les troupes à sa poursuite, permettant la mise hors de combat de (…) rebelles (…) et la récupération de 21 armes.

Le 7 et 8 juillet 1959 à AIM-BESSEM et au djebel DIRA apris une part active à la manœuvre des troupes du secteur, n'hésitant pas à prendre des risques pour guider la chasse au plus près sur deux fortes bandes rebelles (…).

Opérant ensuite dans la région de TIZI OUZOU au cours de l'opération « Jumelles », a assuré le 7 septembre 1959 le guidage délicat d'une patrouille de chasse sur un élément rebelle (…).

Enfin, dans la zone nord algérois, a pris part notamment les 19 et 25 novembre 1959 à une action amie dans le région de TABLAT où ses observations précises et les guidages qu'il a assurés ont permis la mise hors de combat de (…) rebelles et la récupération de 13 armes.

Totalisait, au 15 mai 1960, 730 heures de vol depuis sa dernière citation. ».

 

- Le 5 septembre 1961 citation à l'ordre de la Brigade (croix de la valeur militaire avec étoile de bronze) : « Commandant de peloton des avions de réserve générale, a obtenu, grâce à son exemple et à sa compétence, un rendement particulièrement élevé de ses équipages.

N'a cessé de faire preuve de sang-froid et de courage au cours des nombreuses opérations auxquelles il a participé.

C'est particulièrement distingué le 9 novembre 1960 dans la forêt de TAKITOUN (zone nord algérois) en guidant avec précision les troupes amies et la chasse sur un important groupe rebelle, prenant ainsi une part active à la mise hors de combat (…) et à la récupération de leur armement.

Totalise 330 heures de vol opérationnel depuis sa dernière citation. »

 

Une fois installé à Sainte-Bazeille, ayant tourné la page de cette brillante carrière militaire, Jacques DUBOURG allait en ouvrir une autre qu'il n'allait pas tarder à couvrir de son écriture.

 

À l'âge de 52 ans, il se lança dans l'écriture, inspiré par la beauté des paysages et les architectures de l'Agenais ; son premier regard se porta sur les bastides dont il sut montrer la particularité. Puis ce furent les abbayes, les castelnaux, les châteaux-forts et les villes, comme Agen. Il sut aussi rapporter l'histoire des Templiers, des Gavaches ou encore des Croquants... Il écrivit également des romans historiques, clairement documentés. Nous comptons une quarantaine d'ouvrages sous sa signature.

 

Il était membre de l'Académie des Lettres, des Sciences et Arts d'Agen depuis de nombreuses années. Les académiciens de cette belle ville lui ont témoigné, en la personne de monsieur Robert de FLAUJAC, de leur reconnaissance pour ses riches contributions dans la Revue de L'Agenais, une quinzaine d'articles dont l'éclectisme montre sa large curiosité. Son œuvre considérable sera le creuset des chercheurs passionnés. Cette richesse exhumée de la terre lot-et-garonnaise s'offrira à chacun d'entre nous, chaque fois que viendra l'heure d'un besoin de découvrir notre histoire. On doit ajouter que par ses écrits il a magnifié sa terre d'adoption.

 

Les académiciens agenais aimaient sa présence tant sa courtoisie et sa modestie n'avaient d'égal que sa grande culture et son immense capacité de synthèse. De plus, il était l'exemple même d'un homme plein d'humanité.

 

L'académie d'Agen, lui a donc rendu un vibrant hommage pour l'ensemble de son œuvre, en lui témoignant de sa gratitude pour avoir toujours affiché avec fierté son attachement à l’académie. Elle a perdu un de ses membres les plus féconds. Les qualités de leur cher confrère disparu les a amenés à exprimer leurs plus profonds regrets.

 

Parmi ses articles publiés dans la Revue de l'Agenais nous pouvons citer :

  • « Un compositeur lot-et-garonnais, Jean-Louis Martinet (1912-2010),

  • « Au XVIIe siècle, un différend entre un ancien gouverneur de Sainte-Bazeille et le seigneur de Mauvezin-sur-Gupie »,

  • « Le destin tragique de Charles d'ALBRET, Seigneur de Sainte-Bazeille »,

  • « Quatre destins de prêtres réfractaires en Agenais lors de Révolution »,

  • « Charles de Monluc »,

  • « Les Gavaches », (bibliographie)

  • « La révolte des croquants du Périgord-Agenais et la bataille de la Sauvetat-du-Dropt en 1637 »,

  • « Le siège de Sainte-Bazeille en 1586 »,

  • « La brève existence de la commanderie templière de Port-Sainte-Marie »,

  • « La commanderie templière de Romestaing »,

  • « Les combats de Sainte-Bazeille en 1851 »,

  • « La justice dans les bastides agenaises aux XIIIème et XIVème siècles »,

  • « Implantation de la voie ferrée "Bordeaux-Cette" à Sainte-Bazeille ».

 

Parmi la cinquantaine d’ouvrages qu'il a publié, il s'est intéressé aux abbayes de Midi-Pyrénées, aux vieilles abbayes d’Aquitaine, aux commanderies templières de Midi-Pyrénées ou encore au Périgord, à l’Armagnac ou à la Bigorre en 200 questions. Son premier roman, « Millepertuis », remonte à 1988. En 2000, il publiait « Agen de siècle en siècle » pour évoquer la riche histoire de notre chef-lieu. En décembre 2022 il s'était adressé à un tout autre public en publiant avec l'illustratrice Marine CABIDOCHE « Veillées du Lot-et-Garonne, Contes populaires ».

 

Les obsèques du colonel (ER) et écrivain Jacques DUBOURG ont eu lieu le 19 avril 2024 en l’Église de Sainte-Bazeille.